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Ben Moon

Je suis content d’avoir commencé l’escalade dès l’âge de sept ans. J’y ai  » pris goût dès le début, et c’était la seule chose qui m’intéressait. L’escalade donne un sens à ma vie, elle m’occupe et me motive. J’aime grimper et je crois être bon. Je pense pouvoir me le prouver ainsi qu’aux autres.  » Depuis des années, Ben n’impressionne pas uniquement par ses ouvertures et des répétitions de voies comptant parmi les plus difficiles au monde, mais il fascine surtout par sa conduite franche et ouverte et la manière dont il se voue totalement à sa passion.

Le premier contact de Ben avec l’escalade date d’une excursion en famille dans le Derbyshire. Il comprend immédiate-ment qu’il a découvert le sport qui lui convient. Par la suite, il escalade souvent les falaises des environs avec son frère, munis en tout et pour tout d’une vieille corde usagée, de coinceurs qu’ils avaient bricolés eux-mêmes et d’un seul mousqueton. A dix-sept ans, il part pour le pays de Galles en auto-stop et se retrouve par hasard dans les falaises de Pen Trwyn où il rencontre enfin ceux qu’il avait pris pour modèles : Andy Pollit, Jerry Moffatt et Martin Atkinson.  » J’étais fasciné par l’ambiance. Tous voulaient absolument gravir les voies les plus extrêmes dans un style nouveau (ils s’assuraient en plantant des pitons à expansion) – c’était une sorte de compétition permanente entre copains!  » Les week-ends, Ben loge avec les autres à la grotte Parcélèse, un antre sale et puant la chèvre, se nourrissant de sandwiches, de pommes de terre grillées et de haricots. Ses performances font un bond en avant, il passe du niveau E3 à E5 7. Bien que Ben aime gravir des voies traditionnelles telles que le Right Wall, il se passionne de plus en plus pour les difficultés extrêmes.

Dès lors, il ne retournera plus à l’école, et pendant les cinq années suivantes il vivra en se débrouillant, touchant de temps en temps une indemnité de chômage. A l’âge de dix-huit ans, avec Statement of Youth, il réussit sa première voie importante. En 1985, il répète Revelations, une voie créée par Moffatt, puis, en 1986, il ouvre la première voie de 8b en Angleterre.

Cris Graggs avait, à l’époque, ouvert une voie très équipée dans la paroi Rubicon et avait eu le cynisme de l’appeler « Free this, you Bastards » (Grimpez-moi ça en libre, espèces de crétins). Ben se met en tête de relever le défi. Au bout de trois semaines, il réussit à escalader cette voie en libre. Furieux de ce succès, Cris Craggs revient sur les lieux et abat toutes les prises au piolet! Alors Ben refuse de s’avouer vaincu, il répète l’ascension et décide de rebaptiser la voie Zeke the Freak !

La même année, il reprend d’autres voies majeures telles que Chouca et La Rose et le Vampire, à Buoux. Après une interruption due à une blessure, en 1987 – il était tombé sur un morceau de béton , Ben ne retrouve sa forme des grands jours qu’en 1988. A Buoux, il enchaîne en libre les grandes voies françaises : Le Spectre du Surmutant, Le Minimum et La Rage de vivre en l’espace d’une semaine. En 1989, lors d’un nouveau séjour à Buoux, il ouvre Azincourt, la deuxième voie mondiale de 8c, démontrant ainsi qu’il est possible de réussir l’ascension d’une voie majeure en laissant le rocher intact. A Volx, il arrache Plafond aux Français, un projet qu’ils concoctaient depuis de longues années et le renomme Maginot Line.

 En bloc, Ben recherche surtout les difficultés majeures. Dans cette discipline tout comme en escalade à vue, il sait se concentrer entièrement sur le rocher et agir comme mû par son instinct. Il essaie ensuite d’appliquer ses compétences en compétition, compétition qu’il considère comme étant un complément aux sports d’escalade, bien qu’il ne soit guère satisfait des résultats obtenus. Il ne trouve aucune explication plausible pour ce palmarès bien médiocre à ses yeux. Mais Ben aime se mesurer aux autres, donc il ne se cantonne pas aux ouvertures les plus difficiles dans sa région natale où il est si facile de se reposer en attendant des conditions plus favorables. Au contraire, il aspire toujours à relever les plus grands défis dans d’autres contrées.

En 1992, il se lance dans Action directe, une voie de Wolfgang Güllich, et échoue de justesse ;obligé de renoncer, car des tractions extrêmes et répétées ont provoqué une blessure du doigt très handicapante.

En 1995, il réalise Bronx et Superpla-fond, deux des voies les plus éprouvantes situées sur le sol français. Or, ce qu’il voit sur place l’amène à critiquer sévèrement le milieu français.  » Ce qui se passe en France est épouvantable; on trafique presque toutes les voies. Sous prétexte qu’il y a eu des précédents, plus personne n’a de scrupules, cette pratique fait boule de neige. Bronx n’est rien d’autre qu’une voie sur une paroi artificielle mais en plein air, même Superplafond est entièrement trafiqué; sans oublier que Jibé Tribout a complètement saccagé les deux dernières voies restantes Terminator et Maginot Line en créant une variante transversale. « 

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