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Jean Baptiste Tribout

Contrairement à bon nombre de grimpeurs de ma génération, j’ai réussi à conserver toute ma motivation, cela parce que j’ai toujours pratiqué avec les meilleurs et avec des grimpeurs restés actifs qui m’ont souvent secoué voilà le secret de ma longévité!  » Jibé, qui appartient depuis quinze ans à l’élite de l’escalade française, reste un grimpeur passionné, ambitieux et mû par une farouche volonté de fournir le meilleur de lui-même dans toutes les disciplines.

Dès l’âge de dix ans, Jibé s’initie à l’esca-lade en forêt de Fontainebleau. A onze ans, le jeune Parisien fait ses premières voies en tête, à douze ans, il fait déjà de la mon-tagne avec les jeunes du Club alpin français, en même temps que Catherine Destivelle, et fait surtout de la haute montagne. L’alpinisme fait partie des traditions familiales, et on le retrouve les années suivantes de l’aiguille de la Dibona à la Cime Grande en passant par la face nord des Grandes Jorasses.

Avec l’aide de Jean-Claude Droyer, le père de l’escalade libre en France qui, dès 1977, avait libéré L’Échelle la première voie de 7a, Jibé s’initie à l’escalade libre au Saussois. Quand en 1980 il libère la Super-échelle (Saussois), une autre voie de 7a, il est admis dans le cercle plutôt élitiste des jeunes grimpeurs parisiens qui réunit les frères Le Ménestrel, Laurent Jacob, David Chambre et Alain Ghersen. Ce fameux  » gang des Parisiens  » a une toute nouvelle éthique de l’escalade : au lieu de redescendre après un vol, ils restent travailler un passage dans la voie! A l’inverse des Américains, qui laissent la corde en place après une chute, les Parisiens s’inspirent de Jean-Claude Droyer et gravissent chaque voie en libre. L’éthique de  » l’équipe parisienne « , dont les baffles des chaînes hifi portables font vibrer les rochers au rythme d’AC/DC, ne trouve pas toujours l’assentiment du camp conservateur, et encore moins dans le sud de la France où l’on pratique surtout le style à vue.

En 1982, Jibé réussit à répéter Chïmpanzodrome (7c+), une voie de Jean-Pierre Bouvier, puis il ouvre Fritz the Cat, sa première voie de 8a. Pris dans l’euphorie de l’action, Laurent Jacob et lui équipent les falaises de Mouriès. Peu de temps après, Jean-Pierre Bouvier décote toutes ces voies d’une manière radicale, mais rien ne peut endiguer la passion de Jibé pour l’escalade sportive. En février 1984, il collabore avec les frères Le Ménestrel à la préparation d’un projet au Saussois quelques jours après la victoire de Marc et Antoine dans Le Bidule, il gravit lui aussi la première voie française de 8a+. A cette époque, il se consacre surtout au solo et remporte sa. plus grande victoire dans Chimpanzodrome. Pourtant il met un terme à cette pratique dès qu’il rencontre Corinne, sa future femme.  » Le solo est une entreprise très égoïste. Celui qui joue à ce jeu-là peut facilement aller au-delà du point où les choses commencent à devenir dangereuses. « 

Bientôt, il comprend qu’il est important de voyager, de voir divers sites et de découvrir de nouveaux types de rochers, différentes techniques d’escalade et d’autres grimpeurs, mais aussi de tenter des voies extrêmes afin de pouvoir mieux évaluer les problèmes posés par ses propres voies. En 1984, il réussit, entre autres, The Face, une voie de Moffatt.
Jibé est toujours resté ouvert à l’innovation. Bien qu’ayant signé le  » Manifeste des 19  » en 1985, dans lequel l’élite française contestait la compétition, il participe à diverses rencontres à partir de 1986 et se maintient parmi les meilleurs mondiaux depuis dix ans.Il a aussi changé d’avis sur bien d’autres sujets intéressant l’escalade. Ainsi il est revenu sur ses positions concernant les prises artificielles. Alors qu’il avait trafiqué le rocher en agrandissant ou en  » sikatant  » des prises dans des voies telles que Just do it ou Superplafond, à présent, il est catégo-rique :  » Je laisse le rocher à l’état naturel pour que, plus tard, chacun puisse essayer de faire la voie sans prises trafiquées. « 

Depuis sa première voie de 8a, Jibé vit de contrats de sponsoring. Bien qu’il sache que les résultats de compétitions intéressent particulièrement l’industrie, il a toujours préféré l’escalade en rocher.  » Les résultats d’une compétition n’illustrent que la chance d’une seconde, ils ne laissent aucune trace dans ma vie. Seules mes voies en rocher comptent pour moi, et c’est la seule chose dont je me souvienne. Même à présent, je me vois encore grimper Chimpanzodrome, To Bolt ou Les Spécialistes. Chaque fois que je réalise une voie, je vis comme dans un rêve et tout va bien. Sans cette sensation, je ne grimperais pas… Le reste n’est qu’une question d’entraînement, car il faut toujours être prêt au moment opportun. « 

Jibé pense ne pas être un grimpeur exceptionnellement doué c’est à force de travail qu’il a progressé; c’est en faisant des voies extrêmement longues comme Just do it qu’il a accru sa capacité de concentra-tion, et en observant sans cesse les autres qu’il a affiné sa propre technique. Il s’est inspiré de la méthode respiratoire d’Antoine Le Ménestrel : pratiquer l’expiration pendant une traction, c’est fondamental.

Jibé est une personnalité sémillante qui joue un rôle majeur dans le milieu de (escalade depuis une dizaine d’années. C’est lui, par exemple, qui a introduit le degré 5.14 aux USA. Bien que certaines voies aient été décotées depuis et que de nombreuses critiques aient été émises à l’étranger contre diverses interventions sur des prises, Jibé reste une véritable idole pour de nombreux grimpeurs, surtout en Italie et en Espagne.

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